les-caps-bourrut-pyreneens

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Un fleuve aux origines mythiques ... la Garonne.

 

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Un fleuve aux rives enchanteresses, aux eaux bouillonnantes et aux plages de galets qui traverse un pays endormi dans l'oubli d'un glorieux passé.

 

Lorsque j’étais enfant, les berges de la Garonne abritaient une faune joyeuse et colorée. On y retrouvait des canards, des poules d’eau peu farouches, des loutres qui naviguaient entre le fleuve et le ruisseau de Darré Escarious– désormais comblé à cause de la volonté négative des hommes - les anguilles brillant telles des filets de lumière faisaient de même. On pouvait atteindre les rives et les plages de galets ronds car les paysans détruisaient (sans désherbant) les ronces et autres herbes folles afin que leurs racines ne fassent pas tomber la terre mêlée de sable. Les merisiers, les aulnes, les noyers retenaient les berges. Dans les fossés et les bassins, les garçons venaient pêcher la « friture », les filles, le nez presque au ras de l’eau admiraient les têtards et espéraient les voir se transformer d’abord en crapauds ou grenouilles puis en princes charmants. Le lavoir ronronnait des bavardages des femmes et résonnait des coups du battoir sur le linge. Les lézards verts se pavanaient sur la murette de l’écluse et les amarantes glissaient dans l’eau. Les draps azurés à point séchaient sur les haies et nous nous amusions à en faire des tunnels dès qu’ils étaient secs…

Les hommes pêchaient des truites « Ô pauvre ! Grosses comme ça ! Je te jure ! » et on leur répondait « Mais tu es passé par Marseille mon vieux ! », des brochets, des carpes languides et gracieuses entre deux eaux dans les étangs formés ici et là…

 

C’était un autre monde… On vivait d’elle, on vivait avec elle…

 

Mais parfois, elle se mettait en colère et en vagues furieuses, elle envahissait le territoire des hommes puis s’en allait et redevenait douce et calme.

 

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C'est tout cela que je vais vous raconter en suivant son cours de la frontière avec l'Espagne jusqu'à la plaine de Rivière. 

Sans oublier les changements du 20ème siècle qui ont amené à la destruction de véritables patrimoines aquatiques et biologiques avec :

- l'agriculture intensive mal menée et destructrice,

- une urbanisation mal pensée selon des critères bien évidemment mercantiles et de vanités humaines,

- l'abandon de politiques de préservation de la Nature et du Patrimoine, etc. etc. 

 

Nous visiterons le pays avant la voie ferrée et le train désormais tombé dans les oubliettes du temps et juste après la construction de la route royale de d'Etigny, nous naviguerons sur le fleuve sauvage comme nos ancêtres l'ont fait, nous pêcherons dans les marécages fort nombreux et nous assisterons, effarés, aux aygats de la Garonne...

 

Nous verrons toutes les zones inondables et nous essayerons de comprendre la folie des hommes qui pour trois francs six sous ont détruit des quartiers entiers en les urbanisant mettant - entre autre - en péril les finances des "naïfs" qui ont acheté les terrains et construit des villas....

 

 Jackie Mansas 

7 décembre 2016

 

LES AYGATS

 

Il existe les crues des fleuves et des ruisseaux qui balayent tout partout où elles déferlent. Souvent, toujours, destructrices et parfois meurtrières.

 

En pays d'Occitanie, il existe l'aygat, qui veut dire débordement en français. Il peut s'appliquer aux inondations mais aussi à tous mouvements, toutes actions humaines tant négatives que positives. Dixit MES Anciens dont la seule langue maternelle était le gascon ! Le français, appris à l'école et très châtié ne venait qu'en second…

L'aygat de haine détruit tout sur son passage.

 L'aygat d'amour peut faire naître un monde avec des couleurs nouvelles.

 Comme les grandes marches pacifiques du 11 janvier à Paris, du 13 novembre à Toulouse, pour dire NON à la mort donnée pour rien, NON à l'obscurantisme, NON à la barbarie, OUI à la vie, OUI à la liberté, OUI à l'égalité et OUI à la fraternité.

Et OUI à la laïcité.

 Je suis Charlie

 

 

 


07/12/2016
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BARBAZAN EN COMMINGES ET NEBOUZAN au 18ème siècle

 

 

 

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Si nous en croyons les légendes, dans les temps les plus reculés, Barbazan occupait l'emplacement du lac. Il était un joli bourg où tous les habitants vivaient dans l'aisance, pratiquant l'égoïsme et l'indifférence. On raconte qu'un jour deux voyageurs pauvrement vêtus, affamés, épuisés par une longue route, se présentèrent et demandèrent le gîte et le couvert. Ils frappèrent à chaque porte mais aucune ne s'ouvrit. Ils repartaient lorsqu'ils avisèrent à la sortie du village, une masure isolée où vivaient de pauvres gens qui n'hésitèrent pas à partager avec eux leur très maigre repas.

Le lendemain, à l'aube, la femme se leva et constata l'absence de ses invités. Elle sortit et les vit qui, du chemin, observaient le village. Le plus jeune des deux lui ordonna de s'éloigner et de ne pas regarder ce qu'ils allaient réaliser sous peine d'être transformée en statue. Elle obtempéra mais la curiosité fut la plus forte, elle se retourna au moment où Barbazan disparaissait sous des trombes d'eau. Le lac sans fond était né des Abysses et en face de lui, une femme de pierre le fixait pour l'éternité : " La Peyre Majou". Jésus, car c'était Lui accompagné de Saint-Pierre, avait voulu punir les villageois de leur méchanceté (1).

On raconte aussi qu'Hérode, Hérodiade et Salomé auraient été exilés à Lugdunum. Salomé errait souvent dans la contrée, à la recherche de l'oubli du crime qu'elle avait commis en trahissant - le plus abominable et le plus impardonnables des péchés pour les Pyrénéens Jean le Baptiste pour qu'il soit mis à mort. Elle avait voulu, à la demande de sa mère Hérodiade, que sa tête lui fut apportée sur un plateau d'argent.

Mathieu rapporte cet événement dans son Évangile (vers 80-90), 14:3-11 :

« Car Hérode, qui avait fait arrêter Jean, l’avait lié et mis en prison, à cause d’Hérodias, femme de Philippe, son frère, parce que Jean lui disait : « Il ne t’est pas permis de l’avoir pour femme. » Il voulait le faire mourir, mais il craignait la foule, parce qu’elle regardait Jean comme un prophète. Or, lorsqu’on célébra l’anniversaire de la naissance d’Hérode, la fille d’Hérodias dansa au milieu des convives, et plut à Hérode, de sorte qu’il promit avec serment de lui donner ce qu’elle demanderait. À l’instigation de sa mère, elle dit : « Donne-moi ici, sur un plat, la tête de Jean-Baptiste. » Le roi fut attristé ; mais, à cause de ses serments et des convives, il commanda qu’on la lui donne, et il envoya décapiter Jean dans la prison. Sa tête fut apportée sur un plat, et donnée à la jeune fille, qui la porta à sa mère. »

Un jour d'hiver particulièrement froid, elle voulut traverser le lac gelé mais la glace céda et elle tomba à l'eau. La glace se referma aussitôt autour d'elle et elle mourut ainsi, la tête dépassant de la surface brillante comme un plateau d'argent. (2)

Le lac de Barbazan a toujours été considéré comme un lieu mystérieux et magique. Dans son dictionnaire, Larcher écrit : " On y voit un grand lac dont on ne trouve pas le fond. On assure qu'il y avait à cet endroit un village qui fût abîmé parce que les habitants n'étaient point charitables. L'eau n'augmente ni ne diminue, le terrain est mouvant à l'entour. On dit que dans une grande inondation des eaux de la Garonne, celles du lac rejetaient plusieurs poissons de mer (anguilles). On n'ose pas y pêcher, mais ceux qui se sont hasardés à le faire ont pris des anguilles monstrueuses et peu d'autres poissons".

Cette légende du village englouti est aussi racontée à Biarritz, à Labastide-Villefranche, au lac de Lourdes, au lac d'Ilhéou et en d'autres sites des Pyrénées. (3)

 

 

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L'émerveillement de Louis de Froidour

En 1647, Louis de Froidour écrivait à son tour :

"On voit d'ailleurs, un lac merveilleux au-dessous de Barbazan, d'autre costé la petite rivière (l'Ourse) (4), qui vient se jetter dans la Garonne, et toutes ces choses font la plus agréable vue qu'on puisse se figurer. Dans tout mon voyage, je n'ay rien veu dont j'ai esté plus se figurer. Ce lac dont je vous ai parlé est au-dessous des montagnes de Barbazan, au milieu d'une prérie, mais pour mieux dire d'un marais tremblant de touttes parts. Il est rond comme un cercle et parroist avoir esté fait à plaisir, car il n'y a rien de plus rond quoy que la nature l'ayt fait tel qu'il est. Il me parroist avoir 200 cannes de diamètree, c'est-à-dire 6 à 7 cents cannes de tour. Il est bordé d'une bordure de roseaux et de petites sacelles sauvages qui est partout esgalles et parroist aussy avoir été faite à plaisir. Il n'y a que quelques petites sources qui ne paroissent quasy point, par lesquelles on parroist dire que l'eau y vient, et de l'autre costé aussy il y a une espèce de petit ruysseau qui semble luy servir d'esgout. Sa profondeur sur les bords est de 18 à 20 cannes et au milieu de 60 et il y a un endroit dont jamais on n'a pu trouver le fondz. Je l'ay vu avec des personnes qui en avaient fait l'espreuve. Je vous diray mesme que quand on marche sur le marais dont il est environné, tout y tremble depuis le commencement jusques au lac. Et quoy que j'y ai esté dans la saison la plus sêche, celà n'a pas empesché que j'y aye trouvé ce que je vous marque. J'y ay enfoncé un grand baston avec la mesme facilité que l'on enfoncerait un fer bien chaud dans du beurre.

Ce lac a encore celà de particulier que jamais il ne croist ny ne diminue. Les inondations généralles des années 1651, 1657 et 1658, ne luy ont pas donné le moindre accroissement, ny les plus grandes secheresses, la moindre diminution. Son eau tire ordinairement sur la coulleur verte , mais quand le temps le plus beau, le plus tranquille et le plus calme, il s'agite de luy-mesme quelquefois, comme si quelque agent invisible ou un vent impétueux l'agittait, ce qui fait conjecturer aux gens du pays qu'il a quelque rapport avec la mer, cela arrivant ordinairement lorsque le mauvais temps vient du costé de l'océan.

Pendant les hivers, il gelle de façon qu'on va partout impunément, à l'exception d'un seul endroit où l'on croist qu'il y a quelque source d'eau chaude. Il ne faut point omettre de vous dire encore une chose fort remarquable, qui est que toutes les fois que les années doivent estre abondantes, on voit tourner tout le long des bords de ce lac un faisseau d'herbes et de fleurs qui est un signe infaillible d'une grande fertilité qui réjouit fort les paysans".

Un monde imaginaire foisonnant.

Les paysans savaient peupler le monde des eaux d'êtres imaginaires qui vivaient une existence de rêve où d'étranges rites magiques, seuls connus des dieux, les régissaient, eux pauvres mortels. Ils ne dédaignaient pas de mêler le Dieu des Chrétiens aux anciennes divinités païennes. Il suffisait que des phénomène naturels se manifestent et les légendes naissaient.

Au-dessus du lac et des sources thermales une chapelle est dédiée à Saint-Michel protecteur de la paroisse. Pourquoi donc à cet endroit ? Robert Gavelle résume en une seule phrase le rapport étroit entre une population superstitieuse et les phénomènes naturels :

"L'archange n''est pas inopportun auprès d'une source et particulièrement près d'une eau mystérieuse où l'on croyait ressentir à distance en 1647 "l'immensi trémor océani". "Les frémissements de l'océan immense". (4)

Ce lac d'origine glaciaire est situé au milieu de terrains imperméables, à proximité du massif du Cap de la Coste, à une altitude de 450 mètres. Cette montagne de contrefort n'est rien d'autre qu'une moraine et les eaux du glacier se sont déposées à ses pieds. A cheval sur deux bassins - Loures-Barousse et la plaine de la Garonne vers Toulouse - elle jouit d'une orientation excellente puisqu'elle abrite les terrains alentours des vents dominants et elle regarde vers le sud. Le site très particulier fait supposer la présence de populations préhistoriques dès les premiers temps de l'homme. En effet, la découverte de deux haches de bronze, une dans le massif et l'autre dans le quartier du Puntail (5), entérine cette supposition. Dans un champ sur la pente, a été mis à jour un squelette d'homme dont la tête était introduite dans un pot de terre. Aucune fouille n'ayant été entreprise, les restes furent inhumés dans le cimetière et il n'existe aucun rapport sur cette affaire.

Qu'a-t'il pu pu se passer ?

Deux questions à se poser :

- cette forme d'inhumation est-elle la conséquence d'un rite pratiqué par des populations très anciennes ? Il aurait fallu, alors, rechercher à proximité d'autres sépultures. Hélas, cela ne fut même pas envisagé.

- est-ce tout simplement un meurtre plus récent ? Il aurait fallu, bien évidemment, en apporter la preuve. Quoiqu'il en soit l'occupation de ce territoire est aussi attestée par la découverte de deux sarcophages mérovingiens de la même facture que ceux du Bazert. Nous ne saurons jamais ce qu'ils représentaient puisqu'aux deux endroits - Cap de la Coste et Bazert - ils dorment encore sous la terre !

La description des lieux par Louis de Froidour prouve bien que pour les habitants, tout ce qui se révélait mystérieux devait être obligatoirement vénéré. Les dieux occupaient une place prépondérante dans la vie quotidienne et les cultes de l'eau comme ceux du soleil et de la terre, rappelaient que la vie n'existait que grâce à ses trois facteurs.

Jackie Mansas

28 août 2016

1 - Larcher : dictionnaire

2 - Pertuzé : "Les chants de Pyrène"

3 - Bernard Duhourcau : "Guide des Pyrénées mystérieuses"

4 - Robert Gavelle : Revue de Comminges 1970

5 - idem


12/10/2016
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BARBAZAN EN COMMINGES ET NEBOUZAN : quelques notes d'histoire....

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La baronnie de Barbazan

La seigneurie de Barbazan en Nébouzan appartenait à la branche de Mauléon de Barousse et relevait du comté de Foix. Mais elle était beaucoup plus représentative et considérée.

Contrairement aux cousins baroussais, les barons de Barbazan n'ont pas eu de problèmes avec les habitants mais quelques frictions avec les représentants du roi qui contestaient les fonctions publiques du baron. Elles furent très vives à plusieurs reprises comme en 1662, lorsque Jean-Jacques de Mauléon déposa son dénombrement. Il prétendait au titre de juge curial de Rivière et pour cela, devant les dénégations des officiers royaux de justice, il invoquait deux jugements antérieurs à l'Administration : un dénombrement de Géraud de Mauléon du 24 janvier 1542, un autre d'Arnaud-Guilhem de Mauléon du 3 octobre 1478, hommage à Madeleine de France, princesse de Viane, en sa qualité de comtesse de Nébouzan.(1)

Plusieurs membres de cette famille eurent des fonctions plus qu'honorables comme le commandement des châteaux de Bramevaque en Barousse et de Saint-Béat en Comminges.

Géraud de Mauléon fut nommé le 15 décembre 1599 capitaine forestier des châtellenies de Frontignes et de Luchon.

La Coutume de Barbazan (2) produite par les Consuls de Barbazan devant le Parlement de Pau lors de l'accession d'un membre de la famille d'Astorg à la seigneurie de Barabzan en 1725, défendait les droits et privilèges de la communauté et nous sommes un peu surpris par l'entente qui existait entre elle et son seigneur. Lorsque la seigneurie changeait de "mains", il était obligatoire de présenter cette Coutume pour se préserver en cas que...

Cela se produisit en 1691, lorsque le lieutenant-Général Bernard d'Astorg d'Aubarède, né à Barbazan en 1630, succéda à Jean-Jacques de Mauléon son oncle. En 1639, par mariage, cette famille de Bigorre était entrée dans celle de Barbazan en Nébouzan.

En 1710, Bernard mourrait sans héritier et ce fut son frère Jacques qui lui succéda. Quatre générations d'Astorg suivirent jusqu'à la Révolution (3). De baronnie, la seigneurie devint marquisat.

Louis de Froidour rapporta au roi ses impressions sur le château et sur Jean-Jacques de Mauléon en 1667 lors de son séjour en terres commingeoises et baroussaises. Il reçut un accueil chaleureux de la part du seigneur et de son épouse ce qui le consola sans doute de la rudesse et de l'entêtement des Baroussais :

" Le chasteau, comme je vous l'ay desja dit, est au-dessus (de la source). C'est une maison toute en pavillons, bastye de marbre brut et couverte d'ardoise, mais qui n'est faite qu'à moitié non plus que la basse-cour. Le seigneur du lieu et qui en porte le nom est un gentilhomme de qualité de la maison de Mauléon, fort honneste homme et qui s'est tousjours fort distingué du commun de la noblesse du pays ; j'ay mesme remarqué qu'on avoit contre luy quelque jalousie. Telle guerre civile que nous ayons eue, jamais il ne s'est départy du service du Roy, et comme il vit en homme de bien, j'ay remarqué qu'il estoit autant accredité parmy le peuple de la vallée de la Garonne qu'il faisait jalousie aux gentilshommes voisins, qui sont tous gens de Gascogne peu accomodez. Sa femme est de la maison de la Molette ; elle est d'une taille fort belle et se tient propre et bien vestue, au-delà de tout ce que nous avons veu de noblesse campagnarde. Elle n'est ny belle ny layde, mais il n'y a rien de plus modeste, de plus honneste et de plus civil. Il y a mesme de l'excès à sa civilité et quand j'aurois esté un roy, on ne m'en auroit point fait davantage que j'en ay reçu dans cette maison ; ny le mary ni la femme n'ont pas manqué au moindre petit soin et on n'y a fait très bonne chère" (4).

 

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Il nous laisse un extraordinaire témoignage sur la société féodale dans ce petit coin des Pyrénées.

1 - le château n'est pas terminé, il est une maison dont les toits sont en ardoise et les façades ornées de marbre

2 - la basse-cour est l'espace devant le château réservé aux habitants - il ne s'agit pas du tout de l'enclos à volailles !

3 - le baron de Barbazan est dit "gentilhomme de qualité et honnête homme", c'est-à-dire qu'il est fidèle au roi, agréable, distingué, lettré et qu'il pratique les bonnes manières envers tout le monde. Aussi est-il apprécié par le peuple mais jalousé par ses homologues de Gascogne que l'on devine rustres et peu aimables ! Vu l'accueil qu'il a eu en Barousse, on peut comprendre son dépit.

4 - et enfin, on a la description d'une femme ! d'accord de la noblesse mais bon, on s'en contentera pour cette fois !

La baronne est grande et "propre" ! "bien vêtue" ! Vu qu'il fait cette remarque, cela veut dire sans doute, qu'il a été choqué par la tenue des nobles ... de l'autre côté de la Garonne ! Et cette dame lui plaît car elle est modeste et accueillante, ni belle ni laide, ce qui veut dire quelconque. Après tout, ce que l'on demande à une femme ! Mais et surtout, le couple sait recevoir : "on n'y fait très bonne chère". Outre le fait qu'il rapporte fidèlement au roi ce qu'il voit, ce qu'il éprouve, il envoie tout de même une pique aux nobles de Barousse et on sent confusément qu'il ne va pas être si conciliant que cela avec eux.

Le Grand-Maître des Eaux et Forêts créant la Maîtrise de Comminges, en confiera la fonction au seigneur de Barbazan. Plus tard, les Astorg donneront encore plus d'éclat à la famille et à la ville et garderont la fière devise des Mauléon "Jamais ne change".

Les Astorg.

Cette famille était donc depuis le 17ème siècle propriétaire de la terre et de la seigneurie de Barbazan. Lorsqu'un changement survenait dans la possession d'une seigneurie (héritage, achat, mariage), le nouveau propriétaire et les habitants compilaient leurs droits et leurs devoirs respectifs dans des documents très officiels, selon un rite de tout temps respecté. D'après le dénombrement de Charles d'Astorg produit en octobre 1727, ses possessions s'étendaient en majorité sur le territoire de Barbazan et sur quelques parcelles de Labroquère et de Sauveterre-de-Comminges. Il tenait et jouissait d'un château avec grange, jardin, pigeonnier, courteil, verger, quatre métairies avec granges, jardins, vergers, champs, prés : Burs, la Mourère, Cot dit Gez, Vignau (cette dernière disposant d'une fontaine d'eaux minérales avec les bains), un moulin à blé - sans doute Patoye - et vingt-cinq pièces de terres labourables et de prés, le tout couvrant une cinquantaine d'arpents. (5)

Il prenait de ses emphytéotes, de chaque habitant, par feu allumant, chaque année à la Toussaint : deux mesures d'avoine, un coussé de froment, un coussé de milhet, une poule et à la Nativité de Notre-Dame, un poulet. Il avait le droit de taxer le vin vendu dans les tavernes de Labroquère ainsi que les viandes vendues dans les boucheries du même lieu (6).

Au point de vue politique et administratif, Charles d'Astorg était un des quatre gentilshommes curiaux de Rivière et de ce fait rendait la justice civile et criminelle en première instance avec un assesseur "en robe longue", un greffier, un bayle, nommés aux lieux de Barbazan, Labroquère, Gourdan, Ardiège, Labarthe. Ce privilège était héréditaire mais pas de père en fils. Il devait hommage au roi, vicomte de Nébouzan et en tant que seigneur, il rendait la haute, moyenne et basse justice dans les lieux de Barbazan et Labroquère avec le pouvoir d'y établir juge, procureur fiscal, greffier et bayle. Il avait également le droit de nommer les consuls, de recevoir les prestations de serment et de décider des amendes et confiscations.

Le 3 février 1725, lors de l'accession de Charles d'Astorg à la seigneurie de Barbazan, les consuls de la communauté produisirent à nouveau une déclaration des privilèges et des coutumes du lieu sans doute pour prévenir d'éventuelles exigences. Ils reconnaissaient que la justice appartenait au roi et était exercée par les nobles curiaux de Rivière : Labarthe, Ardiège, Gourdan, Labroquère.(7)

A suivre

Jackie Mansas

10 septembre 2016

1 - A. Sarramon - Revue de Comminges 1968

2 - d'après les documents utilisés entre 1542 et 1759

3 - J. d'Astorg - Revue de Comminges 1987

4 - Paul de Castéran : lettres écrites par M. de Froidour - Revue de Gascogne - Archives départementales du Gers.

5 - Mesure de Paris : 1 arpent valait 100 perches environ 1/2 hectare (5000 m²). Admettons cette mesure : 50 arpents valaient donc 25 hectares (Dictionnaire Larousse)

6 - J. d'Astorg - Revue de Comminges 1987

7 - Revue de Comminges - année 1943


12/10/2016
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Au revoir OverBlog.... et bonjour Blog4ever !

Bonjour à toutes et bonjour à tous !

Ne pouvant plus enregistrer les articles sur le blog capsbourrutdespyrenees.over-blog.com car les "options de publication" sont bloquées et donc, dans l'impossibilité de le partager ainsi que d'émailler les abonnés, j'ai créé un autre blog sur cette plate-forme blog4ever : 

 

Les-caps-bourrut-pyreneens.blog4ever.com

 

en attendant de débloquer la situation.

 

Je vous invite à découvrir ce nouveau blog qui n'est que la continuité du premier et de m'être fidèle si cela vous convient.

 

Ce problème est survenu vers la mi-septembre 2016, sans pouvoir trouver ni une explication ni une solution car la plate-forme d'overblog ne répond pas lorsqu'on la contacte.

 

Nouveau blog, nouveau design, mais continuité dans le contenu

 

http://Les-caps-bourrut-pyreneens.blog4ever.com

 

Depuis le 28 janvier 2016, vous avez été 2133 à visiter le blog et vous avez lu 6152 pages !

Je vous remercie infiniment de vous être intéressé à ma prose et de l'avoir partagée. Je regrette beaucoup de devoir quitter OverBlog mais si nous arrivons à régler le problème, nous pourrons travailler avec les deux selon des thèmes différents.

 

N'oubliez pas capsbourrutdespyrenees.over-blog.com, allez-y, faites découvrir....

 

Jackie Mansas

1er octobre 2016


02/10/2016
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Le Tour de France dans les années 1950.

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L'automne est là, bientôt les jours seront courts et l'on aura le plaisir de se blottir contre la cheminée. La télé allumée nous livrera ses histoires et puis l'on ira dormir...

Mais lorsque j'étais une petite fille dans les années 50, le soir, les voisins arrivaient à la maison pour la veillée. Et tandis que le feu ondulait ses flammes rouge et jaune, que les châtaignes grillaient et que le vin rouge chaud remplissait les verres des messieurs, le cidre celui des dames, les belles histoires d'autrefois montaient avec les voix rocailleuses vers nos lits douillets là-haut, dans la chambre toute chaude et sombre.... Le sujet favori de ces soirées amicales était ... le Tour de France ! 

 

Celui  de 1950 occupa tous les esprits ! Nous allons donc le découvrir avec les yeux des vieux Pyrénéens....
 

Juillet 1950 : le Tour de France dans les Pyrénées

 

 

L’année 1950 passa tranquillement au gré du temps et des événements tant politiques que sportifs qui alimentaient les gazettes. Dès le mois de juin, les hommes entamèrent de longues discussions passionnées et établirent des pronostics sur le prochain … Tour de France !

 

Celui de 1949 ayant déchaîné les passions, le pays tout entier attendait cette épreuve avec impatience. A Bertren, on soutenait le français Robic contre Bartali bien évidemment.

Mais la plupart des hommes, ouvriers de l'entreprise de BTP Labardens et Francou, se trouvaient au Pic du Midi de Bigorre et écoutaient le résumé de toutes les étapes à la radio le soir.

 

Le mercredi 26 juillet, Jean-Marie Labardens leur donna un jour de congé pour qu'ils puissent assister à la course dans le col de leur choix. La joie fut générale et il n'y eut aucune défection. Ils se rendirent tous au sommet d'Aspin pour suivre la 12ème étape du 37ème Tour de France. La rivalité de l’équipe de Jean Robic et de celles des Italiens menée de main de maître par Gino Bartali occupa toutes les conversations le long de la route. Ce mercredi-là en haut du col, à chaque fois qu’un coureur italien se présentait, il était copieusement hué par la foule massée des deux côtés. Les femmes en short et les cheveux au vent n’étaient pas les dernières à manifester leurs préférences. La journée était chaude, le soleil un peu voilé ce qui accentuait la moiteur de l’été. Le peloton s’étirait et tout à coup, au sommet, Bartali se mit en danseuse et attaqua.

 

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Jean Robic

 

 

Robic qui avait réussi à remonter dans sa roue le suivit, la bagarre s’annonçait acharnée. Cela indisposa au plus au point certains spectateurs qui avaient pas mal picolé, les hurlements redoublèrent, des coups de poings furent échangés. Les coureurs italiens, pris à partie et craignant le pire, redoublèrent d’ardeur. Ils réussirent à traverser la foule en colère mais les soiffards surexcités se groupèrent pour former un barrage. En voulant l’éviter, Bartali fit tomber Robic qui s’accrochant à sa roue l’entraîna dans sa chute. Des spectateurs se précipitèrent pour les relever mais quelques excités s’imposèrent voulant donner « une bonne correction » au coureur Italien. Les chauffeurs des voitures suiveuses à coups de klaxon rageurs et en faisant hurler les moteurs, forcèrent le barrage obligeant les spectateurs à reculer. Les organisateurs et les spectateurs s’interposèrent, la confusion était totale et les coureurs en profitèrent pour s’esquiver.

 

 

L'abandon des équipes italiennes à Loures-Barousse

 

Les Bertrennais n’avaient pas participé aux "réjouissances", se contentant de regarder la scène depuis la bordure de l’estive surplombant la route. Ils étaient désolés, la course était belle, il allait y avoir une belle bagarre entre deux coureurs d’exception et voilà qu’à cause de quelques agités, cela se terminait par une débandade.

Malgré toutes ces péripéties, les Italiens, la rage au cœur, donnèrent tout ce qu’ils purent et Bartali gagna l’étape à Saint-Gaudens. Fiorenzo Magni endossa le maillot jaune.

Les deux équipes italiennes étaient logées à l’Hôtel de France à Loures-Barousse. Les coureurs arrivèrent l’air très renfrogné et visiblement fâchés. Ils furent accueillis avec les honneurs mais Bartali et son directeur sportif, Alfredo Brinda, après le repas, réunirent leurs coéquipiers dans un des salons. La discussion dura longtemps et lorsqu’ils sortirent, en public dans le parc, devant une foule de fans de cyclisme, Bartali annonça que les deux équipes refusaient de prendre le départ le lendemain matin. Le patron du Tour, Jacques Goddet, dépêché immédiatement et assisté d’Alfredo Brinda essaya de les faire changer d’avis mais rien n’y fit. Ils décidèrent de rentrer en Italie. Les Unes de tous les journaux de France et d’ailleurs relatèrent cet abandon collectif et par crainte de représailles de la part des Italiens, les organisateurs annulèrent l’étape Menton-San Remo.

Aux informations du soir à la radio, le speaker annonça les résultats de la course et l’abandon des équipes transalpines. Mon père et ses copains commentèrent l’attitude peu sportive et intolérante des spectateurs de l’après-midi en haut du col d’Aspin :

- Il faut toujours qu’il y en ait qui gâchent la fête ! Quand les cons voleront, ceux-là cacheront le soleil !

 

 

 

 

Tour de France 1950 Coppi et Bartali dans l'aspin.jpg

 

Fausto Coppi devant et Gino Bartali au second plan

 

 

L'arrivée au Parc des Princes

 

 

Le lundi 7 août, Jean-Marie Labardens fit cesser le travail durant la retransmission en direct à la TSF de l’arrivée au Parc des Princes. Le Français Emile Baffert gagna l’étape et le Suisse Ferdi Kübler, maillot jaune depuis Saint-Gaudens, le Tour de France.

Ma mère ne put s’empêcher de faire remarquer à une personne du village qui discourait sur le fait que - si l’on n’était pas capable d’accepter les critiques des Français, on devait rester à la maison et que si Bartali et ses « complices » avaient démissionné, cela avait fait de la place pour les autres, la preuve, c’était un français qui avait franchi la ligne d’arrivée le premierque ce qu’elle affirmait haut et fort, était vrai mais que cet abandon avait permis à un autre étranger de gagner le Tour de France ! Il était évident qu’il était un plus grand champion que le français Robic qui n’était même pas dans les 10 premiers du classement général.

 

La dame, fort opportunément, changea de conversation.

 

Abdelkader Zaaf

 

 

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Dès que les hommes furent revenus de leur chantier de l’été en octobre, la tradition des veillées recommença. Le Tour de France de 1950 avait laissé des souvenirs très forts. Outre la défection des équipes italiennes que tout le monde regrettait, cette agression dans le col d’Aspin fut un sujet de conversation durant les mois d’hiver. Mais les journaux avaient rapporté la « fameuse cuite de Zaaf » (Abdelkader de son petit nom) et les hommes en firent des gorges chaudes. Ils se rappelaient à chaque fois que la discussion portait sur cette fameuse étape du 24 juillet 1950, Perpignan-Nîmes, la mésaventure qui arriva à ce coureur algérien.

 

« L’Algérie, département français en 1950, présentait une équipe régionale portant le sigle AFN où deux coureurs Marcel Molinès et Abdelkader Zaaf se distinguèrent. Ce 24 juillet 1950, le parcours était « tourmenté » et le soleil tapait dur. Les deux champions attaquèrent et prirent seize minutes d’avance sur le peloton et la victoire à Nîmes semblait acquise pour l’un des deux après un sprint final. Zaaf réussissait à lâcher Molinès mais « assoiffé, il se saisissait d’un bidon tendu par un spectateur. Malheureusement pour lui, celui-ci contenait du vin. Coup d’assommoir pour le coureur qui, après s’être désaltéré, légèrement titubant, reprenait son vélo et repartait en sens inverse ».

Marcel Molinès gagna l’étape avec quatre minutes d’avance sur le peloton.

 

Les journaux colportèrent cette histoire que Zaaf ne démentit pas immédiatement car il fit ses « choux gras » de sa « fameuse cuite ».

La vérité finit par éclater et les rires se firent moins forts dans les chaumières. En fait, Zaaf « avait été pris d’un malaise dû à la chaleur, à la fatigue et à l’ingestion d’amphétamines et s’était écroulé au bord de la route. Des spectateurs, vignerons de leur métier, l’avaient adossé contre un platane et aspergé avec du vin pour le faire revenir à lui. Ils n’avaient pas d’eau sous la main. Zaaf reprit ses esprits mais complètement déboussolé, repartit en sens inverse et se trouva nez-à-nez avec la voiture balai. Il empestait le vin, tout le monde crut qu’il avait bu et la légende relayée par tous les médias, fit le bonheur de tous durant des mois ».

Zaaf était un musulman pratiquant et ne buvait jamais d’alcool mais sa mésaventure le fit entrer dans la légende du Tour et le rendit extrêmement populaire ».

 

Les commentaires allaient bon train, on supputait sur la véracité de la légende ou bien sur la réalité. Mais le visage rieur de Zaaf qui s’étalait dans les journaux réconciliait tout le monde.

 

 

Jackie Mansas

 

30 septembre 2016

 

 

Voir : http://www.berthomeau.com/article-la-legende-du-tour-la-fameuse-cuite-abdelkader-zaaf-et-sa-lanterne-rouge-en-1951-54231519.html

Les photos ont été copiées sur Google Images

 

http://www.lescapsbourrutdespyrenees.over-blog.com


01/10/2016
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